Le musée invisible : les chefs-d'oeuvre volés !
De tout temps, les oeuvres d’art ont suscité la convoitise et ont fait l’objet d’innombrables vols. Derrière ces actes se cachent de multiples motivations qui vont du pur intérêt mercantile à l’avidité de collectionneurs avertis ou de cleptomanes audacieux. Régulièrement, la presse fait état de telle ou telle oeuvre qui a été dérobée à son propriétaire et dont la valeur se monte souvent à des dizaines de miliers de francs, voire plus.
Les musées payent un lourd tribut à cette forme de délinquance qui non seulement porte préjudice à la cohérence de collections patiemment réunies mais qui prive aussi d’accès les visiteurs à des oeuvres qui appartiennent au patrimoine artistique de l’humanité. Ainsi, ce sont des dizaines de Picasso, de Renoir, de Rembrandt et presque autant de Monet, de Matisse et de Warhol qui ont disparu de la circulation et qui demeurent pour l’instant introuvables.
Dans le Musée invisible de Nathaniel Herzberg, nous prenons la mesure de la richesse et de l’importance des oeuvres d’art qui ont été spoliées. Et c’est avec effroi que nous apprenons par exemple qu’une magnifique vue d’Auvers-sur-Oise de Paul Cézanne n’est plus visible par l’amateur, ou que La Plage de Pourville de Claude Monet – découpée sur son cadre – s’est envolée vers d’autres horizons. Mais c’est avec fascination aussi que nous découvrons les conditions – parfois rocambolesques – dans lesquels ont été commis ces forfaits : nous sommes surpris et presque admiratifs devant l’audace dont ont fait preuve certains voleurs pour s’emparer de l’objet convoité. Au final, nous restons toutefois pantois devant les mesures de sécurité – malheureusement insuffisantes – qui n’ont pas su protéger de la convoitise toutes ces merveilles de la création humaine.
Et parfois, cela frise presque le gag.
Que penser par exemple lorsque trois hommes masqués aux commandes d’un camion-grue emportent une sculpture en bronze de 2,5 tonnes réalisée par l’artiste Henry Moore en moins de dix minutes, à l’insu de caméras de surveillance et de lourdes grilles de protection ? Et que la pièce aurait quitté le Royaume-Uni sur un cargo à destination de Rotterdam, pour gagner ensuite l’Asie ? Estimée à 150’000 livres sur le marché de l’art, cette oeuvre aurait ensuite été découpée en morceaux, fondue, puis revendue au cours du bronze de l’époque, soit environ 1’500 livres…
Le Musée invisible de Nathaniel Herzberg. Paris, Toucan, 2009. 207 p.
Voir le document sur le catalogue en cliquant ici